Après avoir connu son heure de gloire dans les années 60, le tissu vichy a bien failli rester sur le carreau. Oubliée la robe glamour de Brigitte Bardot, il a regagné un temps les nappes de pique-nique et couvercles de confiture Bonne-Maman… Mais le charme irrésistible de ses petits carreaux a fini par le ramener sur le devant de la scène. Les grands couturiers ne cessent de le revisiter, les marques de prêt-à-porter en mettent dans toutes leurs collections et même notre déco se pare de petits carreaux. Il apporte une touche à la fois rétro et graphique à nos pantalons, blouses, sacs ou encore à notre linge de lit.
Et si le vichy a su retrouver une place de choix dans notre dressing et notre intérieur, il n’en a certainement pas fini de nous surprendre… Faussement sage, ce motif iconique des sixties est en réalité beaucoup plus rock’n roll qu’il n’y parait !
Le secret du tissu vichy ne tient qu’à deux fils
On ne vous apprend rien en vous disant que le vichy est une toile de coton à carreaux qui peut se décliner dans différentes coloris (rose, rouge, bleu, noir,…) et dont la taille des carreaux varie généralement entre 5 et 15 mm.
Mais avez-vous déjà pris le temps de l’observer en détail ? Malgré son apparente simplicité, le vichy est constitué d’un subtil jeu de contrastes entre les carreaux blancs, les carreaux de couleur et ceux en demi-teinte. Un contraste graphique mais aussi hautement symbolique dans certains pays. En Indonésie par exemple, le vichy est au cœur des binarités de l’univers : le bien et le mal, les carreaux en demi-teinte symbolisant la voie de l’équilibre.
Le secret cet équilibre : une alternance parfaitement régulière entre les rangs de fil blanc et les rangs de fil de couleur, en trame comme en chaîne. Car le véritable vichy est un “tissé-teint”, ce qui signifie ses fils sont teints avant tissage. L’entrecroisement des bandes blanches et des bandes de couleur forme ainsi les 3 nuances de carreaux du tissu vichy :
• carreau blanc au croisement de deux bandes blanches,
• carreau plein au croisement de deux bandes de couleur,
• carreau en demi-teinte au croisement d’une bande blanche et d’une bande de couleur.
La conséquence, c’est que le motif du vichy est identique dans le sens de la trame et de la chaîne, mais aussi sur l’endroit et l’envers du tissu. Contrairement à un tissu imprimé, il est donc complètement réversible.
L’heure de gloire
Maintenant que nous avons fait le tour du monde, revenons en France. Au début du XXè siècle, le tissu vichy a perdu de son éclat et n’est plus qu’une simple cotonnade bon marché. On l’utilise pour les tabliers des écoliers, de la ménagère mais aussi pour torchons, serviettes ou encore les nappes. On lui prête d’ailleurs des vertus chasse-mouche : sa vibration lumineuse incommoderait les insectes. Pratique, non ? Mais pas franchement glamour, on vous l’accorde…
Et pourtant Brigitte Bardot va réussir à le rendre immensément populaire et désirable. En 1953, elle pose dans une robe vichy rose et blanc pour la couverture du magazine Elle. Puis en 1959, elle se marie en vichy dans une robe imaginée par le couturier Jacques Esterel.
Au lendemain du mariage, Esterel choisit de partager sur le magazine Elle le patron de la robe de mariée vichy de Brigitte Bardot, la rendant ainsi à la portée de toutes les femmes. C’est le coup d’envoi d’un véritable phénomène de mode. Les françaises veulent des pantalons, jupes, corsages en vichy. Une vague de carreaux déferle sur les silhouettes féminines !
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